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Nationalisation des sociétés au Burkina : "La SOCOGIB n’a pas été cédée à un franc symbolique"

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L’annonce tonitruante faite par le premier ministre Yacouba Isaac ZIDA le 13 décembre 2014, le jour du 16e hommage rendu à Norbert ZONGO, en a rajouté encore au cafouillage et à l’improvisation au sommet de l’Etat. Avant d’en venir, nous nous associons à la volonté de justice exprimée par les défenseurs de la cause de ce journaliste émérite.

 

Ceci dit, la décision de nationaliser certaines sociétés peut être porteuse en termes d’image pour les nouvelles autorités. N’empêche que ces mesures brillent par leur incohérence et leur précipitation. Pour le cas de la SOCOGIB particulièrement qui motive ce point de vue citoyen, je voudrais relativiser une information afin de permettre à l’opinion de comprendre que contrairement à ce qui est affirmé, cette société n’a pas été cédée à 1F symbolique à Mme Alizèta OUEDRAOGO. Les détails qui suivent illustrent avec précision ce propos.

 

La réalité des faits tels que nous avons pu les suivre et selon des documents officiels, révèlent que la SOCOGIB a été cédé à AZIMO sous convention signée entre le gouvernement et Mme Alizeta Ouédraogo le 31 décembre 2001. Le comité de privatisation (dont l’actuel ministre du commerce du gouvernement ZIDA, en l’occurrence Hyppolite DAH faisait partie), a siégé et évalué le capital de la société à 1 842 600 000 francs CFA, sur étude de la Banque Mondiale. Au total 16 284 actions à 110 146 francs CFA ont été évaluées par cette institution bancaire.

 

La 1ere opération de privatisation a été rejetée au motif qu’il n’y avait aucun repreneur. La 2eme opération de privatisation a été également rejetée pour les mêmes motifs. En définitive, c’est lors de la 3eme opération de privatisation que la société AZIMO s’est présentée et a racheté 99% des actions à plus d’un milliard FCFA, soit 1 793 617 464 francs CFA. L’Etat a donc conservé une action symbolique qui n’est d’ailleurs pas égale à un franc CFA, comme martelé ces dernières semaines par les autorités de la transition pour certainement s’attirer les faveurs de l’opinion en diabolisant les acquéreurs.

 

Aussi la convention précisait à l’époque que le repreneur gardait en place tout le personnel et rachetait tout le passif de l’entreprise dont la dette s’élevait à près de 5 milliards CFA.

 

Enfin la procédure de privatisation de la société étatique ne concernait pas que la SOCOGIB mais a peu près 19 sociétés telles que SOBCA, SIFA, SONAPHARM, SONAR, Grands Moulins du Burkina (GMB), FASOPLAST, ZAMA PUBLICITE, SOBBRA, BRAKINA, Société des Chemins de Fer du Burkina, RNTC X9, Société Burkina Shell, Société Nationale de Cinéma du Burkina (SONACIB), Société Nationale de Transit du Burkina (SNTB), SOSUCO, FASO FANI, Imprimerie National du Burkina, FASO Yaar, CITEC, SOPAL, SAVANA, FASO Tours, SOCOGIB, Société Burkinabé de Manufacture du Cuir (SBMC), Société Burkinabé des Cuirs et Peaux (SBCP), ONATEL.

 

Nous présageons que la décision prise par le chef du gouvernement va inquiéter et freiner l’élan de certains investisseurs Burkina Faso. Depuis le lundi 15 décembre 2014, la SOCOGIB est sous scellés. Son directeur général et le chef comptable sont aussi retenus à la gendarmerie depuis ce jour pour des raisons non expliquées.

 

Ce droit de réplique n’est dirigé contre personne. Il s’agit d’une prise de position libre afin de clarifier certains agissements qui sont porteurs de frustrations aux conséquences inquiétantes pour le pays. Du reste, d’autres personnalités bien averties ont déjà émis ces mêmes avis dans la presse. C’est donc dire que la gestion de la transition doit vite se départir des mesures populistes qui cachent mal les envies de règlements de compte. En effet, et nous convenons avec Evariste KONSIMBO, du Cercle d’éveil, que ce processus de nationalisation doit se faire de manière légale, car « …si l’Etat estime qu’il a été lésé, il doit saisir la justice. Et la justice doit faire son travail. Et ce n’est pas un décret présidentiel qui doit venir rétablir l’Etat dans ses droits (voir B24 du 15 décembre 2014) ».

 

La nationalisation des entreprises viole les procédures légales, tout comme d’autres décisions prises récemment. Comme le souligne L’Observateur Paalga à travers un « Petit conseil » dans son numéro 8769 du mardi 16 décembre 2014, « …en période de transition, le droit doit avoir droit de cité à moins que l’insurrection populaire ait ouvert la voie à un Etat d’exception qui ne dit pas son nom ». Dans le même ordre d’idée en rapport avec les arrêtés suspendant le CDP, l’ADF/RDA et la FEDAP/BC, le constitutionnaliste, Professeur Séni OUEDRAOGO expliquait dans les colonnes du journal Le Soir n°0685 du mardi 16 décembre 2014, que « …cette suspension est irrégulière ».

 

Ces précisions sont destinées à enrichir et élever le débat pour éviter que le processus de reconstruction du pays ne soit entaché de décisions arbitraires à même de créer de nouvelles frustrations.

 

Un ex employé de la SOCOGIB à la retraite

merlinga@outlook.fr



19/12/2014
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