L’armée nationale a-t-elle oublié le Général Yaoua Marcel Tamini ?
Dans quelques semaines, les regards seront dirigés vers les activités commémoratives du 56 ème anniversaire de l’indépendance du Burkina. Il s’agira encore de vivre des moments de célébration, d’introspection, de réflexion pour l’avenir mais aussi des moments de reconnaissance des mérites de ceux qui ont contribué d’une pierre blanche à la construction de la nation. En cela, un des mérites de la transition est d’avoir innové en 2015 en baptisant, à l’occasion de la célébration des 55 ans d'existence des forces armées nationales, plusieurs infrastructures militaires du nom essentiellement de soldats qui ont servi dignement et loyalement la patrie dans les postes de responsabilité occupés. Si l’initiative est à saluer, dans la pratique d’autres personnalités auraient
dû avoir la même attention et parmi lesquelles le Général Yaoua Marcel Tamini.
En dehors de toutes autres considérations soulevées lors des baptêmes des 06 casernes en fin octobre 2015, les heureux élus méritent incontestablement les honneurs qui leurs ont été rendus. Thomas Sankara pour le camp de Pô, le Général Baba Sy pour le camp 11-78 à Ouagadougou, le Général Tiémoko Marc Garango pour le camp de Tenkodogo, le général Bila Zagré pour le camp militaire Bangré ENSOA à Kamboinssin et Nazi boni pour le camp de Bankuy à Dédougou ont sans doute été distingués à juste titre. Les qualités reconnues de ces hommes et les services qu’ils ont rendus au pays à travers les fonctions exercées par eux, ont fini de convaincre du choix qui a été porté sur leurs personnes. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que presque tous avaient déjà été immortalisés par la municipalité de Ouagadougou qui a donné leurs noms à des artères de la capitale.
Ce qui a retenu tout de suite l’attention dans les baptêmes célébrés par les forces armées nationales, est que le sixième camp a été baptisé Camp PMK (prytanée militaire du Kadiogo). Un nom qui sonne peut-être militaire bien mais qui est nettement muet que des noms comme Moumouni Ouédraogo, Gabriel Yorian Somé, Fidèle Guebré, Amadou Sawadogo, Bamina Georges Nebié, Badembié Claver Nebié ou encore Général Yaoua Marcel Tamini et nous en oublions certainement. Ces fils de la nation ne méritaient-ils pas l’hommage de l’armée au point de voir un camp baptisé au nom d’un d’entre eux ?
Pour nous intéresser au cas précis de Yaoua Marcel Tamini, 2è Général de l’armée ressortissant de la boucle du Mouhoun après Sangoulé Lamizana si nos informations sont bonnes, il aurait été peut-être plus convenable de donner son nom au camp de Dédougou en lieu et place de Nazi Boni, un intellectuel digne de ce nom qui fait la fierté du pays dont le nom est pressenti pour être porté harmonieusement à l’Université de Bobo-Dioulasso. Cela serait d’ailleurs aussi ou mieux valorisant pour sa mémoire. Le nom du Général Yaoua Marcel Tamini porté sur la caserne de Dédougou aurait été un des meilleurs hommages de l’armée à l’illustre disparu. Le choix du camp de Tenkodogo pour le Général Tiémoko Marc Garango n’a-t-il pas été justifié par le fait qu’il est fils de la localité ?
Il n’est aucunement dans nos intentions de faire un procès à qui que ce soit, encore moins à l’armée qui a vu juste en initiant les baptêmes de ces édifices militaires. Au moment où l’armée nationale s’apprête à célébrer ses 56 ans d’existence et le Burkina le 56ème anniversaire de son indépendance, se rappeler d’une façon ou d’une autre des devanciers comme Yaoua Marcel Tamini ne serait qu’accomplir un devoir de mémoire qui a toujours été cher à la nation.
Mais qui est le Général Yaoua Marcel Tamini ?[1]
Né en 1930 à Ouarkoye, un département de la province du Mouhoun, Yaoua Marcel fit ses premiers pas dans l’armée le 16 décembre 1950 à Bobo-Dioulasso. Nommé soldat de 1er classe, le 1er janvier 1952, son ardeur au travail l’amena au grade de brigadier le 1er août 1952 puis au grade de brigadier-chef. En 1953, Yaoua Marcel est nommé au grade de Maréchal des logis (MDL). Après un stage militaire effectué en France, il fut admis à suivre des cours de perfectionnement et le 1er octobre 1958, il est promu au grade de MDL-chef. Après de brillants succès à ses examens professionnels, il obtient le grade de sous-lieutenant le 1er octobre 1959 et fut envoyé à Dakar au Sénégal pour un stage d’application et il est promu lieutenant, le 1er octobre 1960.
Transféré dans l’Armée voltaïque, Yaoua Marcel prit le commandement de la 3ème compagnie, fonction qui le conduisit au grade de capitaine le 1er août 1965.
Reconnu par son caractère respectueux et ferme, il est mis à la disposition du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité pour être détaché à la garde républicaine le 08 mars 1968 comme chef de corps. De par son caractère discret, il fut inscrit au tableau d’avancement pour la nation de commandant. Cela lui valut la nomination au chef de bataillon le 1er juillet 1970. Le 12 mars 1974, il est remis à son ministère d’origine et fut nommé chef du bureau d’étude et de planification des Forces armées le 03 avril 1974.
Nommé préfet militaire du département du Nord à Ouahigouya, il occupa ce poste du 02 juillet 1974 au 31 mars 1976. Promu au grade de lieutenant-colonel, il fut nommé le 1er juin 1976, commandant du 2ème régiment d’infanterie. Membre influent du CMRPN, il accéda au grade de colonel le 1er janvier 1981 et fut nommé adjoint au chef d’Etat-major des armées. Il occupa ce poste jusqu’au 21 août 1983, date à laquelle il fut élevé au grade de général de brigade pour être placé dans la section des officiers généraux de réserve le 21 septembre 1983.
Admis à faire valoir ses droits à pension de retraite après 32 ans 8 mois 3 jours de service, on reconnaît du parcours du général Yaoua Marcel Tamini, un militaire travailleur et consciencieux qui fit le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la France et l’Indochine dans l’exercice de ses fonctions. Le service rendu et bien accompli lui a valu plusieurs décorations militaires.
Le général à la retraite, Yaoua Marcel Tamini s’est éteint, le mardi 15 novembre 2005 dans son village natal, Ouarkoye, à l’âge de 75 ans.
Amadou Oury SANOU
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